Silhouette élancée, robe d’un blanc très pur, dit « crayeux », toison courte et peu étendue, quasiment en carapace, tête légèrement busquée, oreilles très courtes : la caussenarde des garrigues ne ressemble pas du tout à ses « cousines » blanches (moches) du massif central, Lacaune ou Préalpes. Ou plutôt, elle n’y ressemble plus du tout : car elle a conservé intact le type ancien de la région, celui des brebis Larzac et des caussenardes de la Lozère.
Les cornes: elles n'ont jamais été dominantes, mais ornaient autrefois entre 10 et 20% des brebis. Actuellement, dans le souci d'écarter les influences tarasconnaises, les éleveurs conservent les agnelles "moudes" en grande majorité - et utilisent en conséquence des béliers désarmés.
Mais il vaut mieux parler « troupeau » que « brebis » : car le trait dominant de la race est son extrême grégarité, son fonctionnement en troupes presque aussi compactes que celles des mérinos – mais beaucoup plus mobiles ! La caussenarde marche tout le temps, ne broute qu’en marchant, et quasiment à marche forcée. Sélectionnée de tous temps sur des étendues de garrigues ingrates, mais immenses, elle n’a pas eu le choix. Et même conduite en parc, avec de l’herbe dans le parc, elle persiste à l’explorer en tous sens, à en faire quatre ou cinq fois le tour dans la journée …
Autre trait de caractère : elle désaisonne parfaitement. Quelques bergers perpétuent le système traditionnel, une seule lutte annuelle, en Avril, de cinq semaines maximum : ils obtiennent couramment 90% de pleines, voire plus, et ne prennent pas la peine d’effectuer une « repasse ». Et si plusieurs en reviennent actuellement à l’agnelage de fin d’hiver, c’est pour mieux coller au calendrier musulman, et offrir des broutards lourds à la fête de l’Ayd.
Prolificité et valeur laitière ? La première, comme chez la rouge du Roussillon, se comporte comme une variable d’ajustement : plus de 160 en système herbager avec lutte sur prairies ; moins de 120, le plus souvent, en système « garde » et lutte sur parcours. Rien à changer, donc, sur ce plan là. En revanche, la valeur laitière est très hétérogène : c’est le premier caractère à surveiller. Et pour les autres qualités d’élevage, c’est la brebis de rêve : hyper maternelle, calme avec le berger, agneaux dégourdis, pas de soucis collatéraux (prolapsus, tétée, mamelle). Un agnelage de caussenardes est certainement le moins stressant qui soit, à recommander particulièrement dans les grands effectifs ...