La situation initiale (1993) de la population rouge était peu encourageante ; il convient donc de porter un regard critique sur la décennie écoulée afin d’évaluer la crédibilité du programme. Il n’y a pas eu d’apport extérieurs au berceau de race. Il n’a notamment pas été introduit de mourérous, malgré la ressemblance apparente des deux animaux. Sur les deux élevages ayant préalablement eu des mourérous, l’un n’a pas fourni de mâles, et l’autre très peu, mais au bout de quatre ans d’absorption. La question de rapprocher les deux races s’est posée avec acuité en 2004, mais a été rejetée massivement par les adhérents, désireux de préserver l’identité « Roussillon » d’une part, et conscients des difficultés de gestion qu’entraînerait une éventuelle fusion … Le phénotype « rouge » réapparait rapidement sur les souches métissées. Les béliers « Fauruc », notamment, très utilisés chez nous au départ, marquent rapidement. Ce faisant, ils apportent en prime la couverture laineuse, le tassé de la toison, mais aussi du fanon et … une conformation disons, un peu anguleuse ! Ce résultat pose donc quelques problèmes : avec la filière organisée (groupements), demandeuse de BMC ou de croisements « viande » ; mais aussi avec les adhérents héraultais et gardois, qui ne reconnaissent plus – et pour cause - « leur » barbarine. Enfin, des tenants de la « souche Marty » au sens strict du terme, semblent penser que l’appellation « rouge du Roussillon » a été dévoyée par le programme mis en place. Ils demandent donc la reconnaissance de leur population de manière spécifique - et cela sous le terme de barbarine, ce qui nous paraît un peu comme un contresens … Mais, au delà des problèmes de forme, leur initiative détone quelque peu dans le milieu moutonnier, où la notion de « race pure », surtout dans le sud, requiert une certaine souplesse d’interprétation : autrefois, chaque berger, chaque village avait « sa » race, la défendait jalousement … et récupérait un bel agneau chez le premier transhumant qui passait par là … Dans le cas de la rouge, où l’on ne dispose d’aucun standard écrit, d’aucune archive de race, on peut parler plutôt de population traditionnelle ; et la confusion ultérieure avec l’ancienne barbarine n’a rien fait pour resserrer les critères. Quant à la gestion de micro-populations, elle n’a pas grand chose à voir avec les réalités du terrain. A lire les compte-rendus de Nüremberg, on est quelque peu effaré de découvrir des arbres généalogiques dignes de l’espèce humaine … Mais le résultat, comme a pu le constater Massoubre sur une vingtaine de rouges revenues d’Allemagne, ce sont des béliers stériles, des agneaux non viables, des brebis ayant perdu toutes les qualités maternelles. Tout cela au nom de quelle réalité historique ? Notons cependant un rapprochement possible avec les allemands qui, conscients de leur problème de consanguinité, ont entrepris un bilan génétique exhaustif de leur population (quatre-vingt brebis au total), et sont venu prélever (été 2008) des échantillons de sang sur huit élevages de l’association et quelques mâles présents au centre. Ce travail, objet d’une thèse vétérinaire, sera également suivi par Coralie Danchin-Burge. (1920), situent dans leurs cartes la barbarine plus largement, de Perpignan à Marseille. Mais ces auteurs, plutôt experts des régions du centre et du bassin parisien, ont-ils bien vérifié leurs sources ? Ils confondent, par ailleurs, les transhumants caussenards des garrigues avec la petite population du Pardailhan, objet d’un lancement très politique au début du siècle, mais qui restera confidentielle, et aura disparu depuis bien longtemps lorsque les andorrans amèneront des brebis rouges dans ce même secteur.