Le Syndicat des éleveurs de brebis Raïole veille sur la race depuis 1977. Créé à l’initiative d’une poignée d’éleveurs, il fut soutenu à l’origine par le Parc National des Cévennes, déjà soucieux de biodiversité et du maintien des espaces ouverts par le mouton et le transhumance : la plupart des estives est en zone centrale du Parc. Le syndicat adhère à l’association créée en 1994 avec les éleveurs de Rouge du Roussillon et ceux de Caussenarde des Garrigues, autres races à petits effectifs du Sud Massif-Central (cf. articles sur ces deux races déjà parus dans Pâtre).

 

Les mâles destinés à devenir des béliers sont repérés assez tôt, sur leur croissance sous la mère et leur conformation, génotypés dans le cadre du programme « tremblante », puis rentrent au centre d’élevage. Le premier souci du schéma est de diversifier les origines : chaque adhérent doit devenir à la fois fournisseur et acheteur de béliers, et il est clairement stipulé de ne pas conserver un mâle plus de deux ans, voire un seul dans les petites troupes, afin de limiter la descendance directe de chacun. Ces orientations, rompant les habitudes des éleveurs, ont pu générer quelques tensions au départ; mais globalement, tous jouent le jeu et le taux de renouvellement des béliers raïoles est certainement le meilleur des trois races.

 

Le syndicat regroupe aujourd’hui 13 membres et près de 2 000 brebis. Parmi les trois races de l’association, ce fut longtemps celle dont l’avenir paraissait le plus précaire, à la fois en raison de ses performances zootechniques, modestes, et du devenir des bergers, en moyenne assez âgés et sans succession. Néanmoins, l’amélioration sensible de la qualité des animaux et l’installation de quelques jeunes éleveurs permettent d’envisager l’avenir plus sereinement.

 

Une étude récente, coordonnée par B. Dedieu, vingt-sept ans après son enquête de thésard, montre bien comment, contre toute attente, les éleveurs cévenols ont survécu, s'adaptant aux nouvelles donnes et notamment au marché musulman, bref que les brebis "restent dans le maquis".