Historique et standard

Adaptée au schiste et à l’arène granitique méditerranéens, la Raïole valorise tout l’hiver châtaignes et glands de chêne vert, trouvant la fibre nécessaire pour ruminer dans les pousses de genêt à balai… Mais elle ne dédaigne pas, l’été, l’herbe des sommets de l’Aigoual ou du Mont Lozère.

 

Les regains d’automne, dans les rares prés cévenols, sont mis à profit pour assurer la lactation : l’essentiel des mises bas ont lieu en toute fin d’été, au retour de transhumance.

 

Le désaisonnement naturel de la race est en effet un de ses atouts. La prolificité, elle, n’est pas très importante, 1,2 en moyenne, mais suffisante pour des brebis conduites en extensif, qui ne sont vraiment complémentées qu’au moment de la lactation, et doivent trouver l’essentiel de leur vie dehors. En revanche, en lutte d'automne sur prairies, la même prolificité atteint 1,5 sans problème.

 

Si la valeur laitière peut atteindre plus de 300 g de GMQ pour certains agneaux simples (Dedieu B 1982), elle est trop variable selon les individus, et reste à améliorer. Mais la sélection, que ce soit pour la conformation ou la production laitière, n’est pas encore, malheureusement, le souci principal des éleveurs : il faut d’abord et avant tout maintenir les 2 000 brebis du cheptel, et ce avec un typage génétique « tremblante » des béliers qui ne facilite pas la tâche. En effet, comme pour la plupart des races rustiques, si l’allèle d’hypersensibilité (VRQ) est absent, en revanche la fréquence initiale de l’allèle de sensibilité, ARQ, atteignait 60% au départ du programme. Il faut donc réussir à remonter le taux d’ARR sans diminuer la variabilité génétique de la race, tout en conservant des béliers de conformation correcte. Au départ, cela relevait presque de la gageure; mais au terme de sept ans d'efforts, le résultat est là !

Les éleveurs sont généralement naisseurs et conduisent un troupeau de près de 200 brebis dans des pâturages difficiles. Certaines brebis vivent hors berceau et leur rusticité s’accommode même de la garrigue calcaire et d’un agnelage de printemps.

 

Les agneaux d’automne, pour la plus grande partie, sont commercialisés jeunes, soit pour l’engraissement soit pour l’export sur l’Espagne. Les agneaux nés au printemps sont souvent conduits jusqu'à l’Aïd el Kébir : leur cornage favorise la vente.

 

Si, au départ du programme de conservation, les agneaux Raïoles étaient clairement moins conformés que les agneaux Rouge du Roussillon ou Caussenarde des Garrigues, la différence s’estompe peu à peu : la sélection mais aussi les efforts du programme pour augmenter la variabilité génétique de la race, en particulier en incitant les éleveurs à ne pas conserver les béliers plus de deux ans, prouvent ainsi leur efficacité.